Editorial

À Roger Bohnenblust

Hommage sans âge ni date à un ami dont l’absence aujourd’hui ne fait qu’accentuer la magie du mouvement élégant et continu de sa main rêveuse, de son geste que l’on croit improvisé alors qu’il est précis, sa main qui maîtrise le rêve et la technique, une main qui s’impatiente, colore sans brutalité mais avec fougue comme ce ciel «à la Pollock» enveloppant La chevauchée fantastique qui orne l’invitation au vernissage de l’exposition de 1980 à Fribourg.

La réalité de Roger Bohnenblust se situe dans le mouvement car sa peinture et son dessin ne sont que celà. Il était impérieux que tout danse autour de lui, que l’écuyère épouse le pas du cheval, que les jupes brodées des danseuses en costume tournoient et virevoltent, que la course de chevaux soit une grande parade dans les verts et les casaques colorées, que les femmes comme les Madones aient un cou de cygne, que la nature morte soit une fête goûteuse. Alors la main dansante créait le geste doux et gracieux du portrait féminin, féerique dans la vision du cirque, élégant dans le champ de course, tumultueux, impudent, à la limite du songe et de la figuration dans les batailles. Ce mouvement devient surréel dans les dessins où les corps se hissent hors du sol ou des nuages, multitudes de visages hantant l’espace dans un trait voluptueux comme fumerolles de rêves déjà oubliés.

Non, Roger, non pas hommage mais saluts à toi, à tes œuvres, tes fulgurances et tes sagesses.

Claude Pochon

Sommaire

Bohnenblust, un peintre généreux et excessif
Philippe Clerc
De Fribourg à Paris, une inoubliable histoire
Marie-Jeanne Koutchouk Delagneau
De l'élégance des champs de courses aux tourments des grandes batailles
Philippe Clerc
La chapelle rebelle
Anita Petrovski Ostertag, Raoul Blanchard
Liste des Expositions
Philippe Clerc