Le plan directeur cantonal, de belles déclarations d'intention?

Outil indispensable à la bonne gouvernance lorsqu'il est efficacement pensé, baguette magique pour certains et coquille vide pour d'autres, le plan directeur cantonal suscite de nombreuses questions. Jean-François Steiert, directeur de l'aménagement, de l'environnement et des constructions (DAEC) s'est retrouvé face aux défenseurs de la nature, de la mobilité douce et du patrimoine le 12 décembre afin de présenter ce plan. Dans son marathon des séances d'informations organisées en cette fin d'année, le conseiller d’État a fait une halte remarquée au Phénix à Fribourg, puisque la salle était comble à cette occasion. Après une heure et demie de présentation, le temps des questions a duré plus d'une heure. Preuve du vif intérêt au sein des militants des associations organisatrices : ATE, WWF, Pro Natura et Pro Fribourg.

 Avant d'entrer dans les détails du débat, rappelons la nature de cet outil. Les autorités le décrivent ainsi : « Le plan directeur cantonal définit le développement spatial du canton et coordonne toutes les activités qui ont des effets sur le territoire. Il définit les liens à établir avec la Confédération et les cantons voisins. Il sert de référence lors de la planification communale et régionale et doit être pris en compte par tous les services de l'administration. »* Le Conseil d’État a lancé une consultation publique qui court jusqu'au 10 janvier 2018.

Mobilité : la marge de progression est énorme

Parmi les nombreuses questions, le président de Pro Fribourg, Jean-Luc Rime a exprimé ses craintes : « Ce sont là de belles déclarations d'intention, mais je ne sens pas le souffle pour l'avenir ! » En matière de mobilité, par exemple, sept projets de routes de contournement ont leur place dans ce plan, mais « existe-t-il des projets équivalents pour d'autres formes de mobilité », s'est inquiété Jean-Luc Rime, donnant l'exemple de l'idée d'un tramway en site propre dans l'agglo. Au-delà de l'obligation pour le Conseil d’État d'exécuter une décision du législatif cantonal pour ces routes de contournements, Jean-François Steiert précise que le dernier mot concernant ces ouvrages reviendra au peuple puisque les crédits de constructions passeront en votation. La réalisation  d’un tram serait de la responsabilité de l'agglomération.

En matière de mobilité douce, le conseiller d’État avoue que le canton a une énorme marge de progression, avec un grand potentiel sur les distances inférieures à 5 km et les déplacements combinés. Le canton a l'intention d'intervenir dans un projet d’envergure: « La couverture de l'autoroute sur 1,2 à 1,3 km sur le tronçon entre Granges-Paccot et Givisiez est une belle occasion de relier géographiquement ces communes avec Fribourg », explique Jean-François Steiert. Après avoir rappelé que le le Grand Conseil a choisi un scénario de base comprenant une augmentation démographique pour le canton de Fribourg de 50 % d'ici à 2050 - ce qui constitue une contrainte qui va déterminer bon nombre de décisions pour l'avenir –, le conseiller d’État annonce que cette couverture autoroutière devrait permettre de développer des logements pouvant accueillir jusqu'à 3000 habitants au total. Ce projet sera « évidemment » accompagné d'un « volet mobilité » puisqu'il augmentera la masse critique de personnes ayant besoin de se déplacer. Et de revenir sur l'idée de téléphérique urbain qui pourrait, selon lui, devenir alors une piste intéressante.

Logements sans places de parc à Bluefactory

Autre inquiétude de Jean-Luc Rime : « Tout le système prévu pousse à utiliser la voiture. » Alors même que les réseaux routiers sont toujours plus surchargés. Jean-François Steiert réfute la généralisation de cet argument en donnant l'exemple de Bluefactory. Cette zone a été déterminée d'importance cantonale et doit bénéficier d'un plan d'aménagement cantonal. Ce dernier « prévoit que tous les logements qui se construiront à Bluefactory se feront sans place de parc ».

Aucun thème lié à la protection du patrimoine en tant que telle n'a été abordé, mais Pro Fribourg est également très attaché à la qualité de vie et le plan directeur cantonal pose un cadre de base qui doit permettre d'atteindre ce but global.

La consultation publique court encore jusqu'au 10 janvier. N'hésitez pas à vous informer, à poser vos questions, à faire part de vos remarques au Conseil d’État. Ce dernier va les examiner avant d'adapter la version finale qui sera envoyée à la Confédération pour
validation. L'entrée en vigueur de ce nouveau plan directeur est prévue au plus tard le 1er mai 2019, afin de respecter les délais fixés par la Confédération. SB

*source site internet de l'état de Fribourg : www.fr.ch

Informations détaillées et plan directeur cantonal téléchargeable sur : http://www.fr.ch/ter/fr/pub/plan-directeur-cantonal/telechargement.htm